Une rencontre mouillée { Madyson

Madyson A. Emerson & Samuel C. Hole

Une rencontre mouillée

De la pluie. De la pluie. Et encore de la pluie. Cela faisait deux jours que c’était comme ça. Entre le tonnerre et les éclairs, le jeune Hole n’arrivait même plus à fermer l’œil. Cela faisait pratiquement deux nuits blanches. Et cette semaine, il devait aussi assurer les cours de sport au lycée. Autant dire que dans les moments comme celui-là, il préférait largement être dans le bureau de son père, à trier des papiers ! Quoi que … Ca restait encore à discuter ! Quoi qu’il en soit, cela faisait une bonne demi heure que Samuel tournait en rond dans son appartement. Il avait bien allumer sa télévision, pour la reteindre directement ensuite. A trois heures du matin, il n’y avait rien d’intéressant à part des dessins animés. Il avait beau être désespéré, il y avait des limites ! Se faufilant une nouvelle fois dans sa chambre, il enfila une veste avant de sortir de chez lui. Là, c’est le moment où vous êtes sensé le prendre pour un fou, prêt à être interné à l’hôpital psychiatrique du coin. Il pleut averse là dehors. Et notre jeune homme n’a rien trouvé de mieux à faire que de se carapater et faire une petite promenade en plein milieu de la nuit … Sans parapluie, sans son portable, sans son cerveau. Ce genre de folie ne lui était jamais arrivé auparavant. Durant sa jeunesse, il faisait le mur pour allé retrouver des amis, comme tout le monde. Mais jamais l’idée ne lui était venu à trois heures du matin, alors qu’il aurait sur sa tête des tonnes de gouttes de pluie prêt à le bombarder. Mais cela semblait bien lui moquer. Déterminé, il sautait même les escaliers de son immeuble pour arriver plus vite au ré de chausse. Il était persuadé qu’il avait quelque chose à faire, là dehors. Et puis, il ne retrouverait jamais le sommeil en remontant se coucher. Autant finir la nuit en beauté, comme on dit …

Au premier contact des gouttes de pluie sur sa peau, Samuel frémit. Il n’avait plus l’habitude d’être trempé de la sorte. Et pas en moins de deux minutes surtout ! Le lendemain, un bon rhume allait surement l’attendre au tournant. Mais ce n’était pas pour ça qu’il allait se retourner. Lorsqu’il avait un but précis dans la tête, plus rien ne pouvait la lui enlever. Enfin, faudrait-il encore qu’il ai toute sa tête … Après avoir frissonné à cause de la bourrasque de vent, le jeune homme leva les yeux au ciel. Il recevait la pluie à bras ouvert. Comme un père attendant que son enfant lui saute dans les bras. A cette pensée, le visage d’un petit ange blond lui revint en mémoire. S’il pensait, c’est qu’il avait un minimum d’esprit. Même si cela ne se voyait pas ! Immédiatement, ses jambes commencèrent à avancer sans lui en demander l’autorisation. Il était complètement perdu. Et pourtant, Sam’ continuait d’avancer sans se retourner. Il avait froid. Il avait peur. Il était fatigué. Mais alors que ses pieds lui criaient de retourner se coucher, le jeune homme continua en direction du centre ville de Londres, déterminé comme jamais il ne l’avait été … Au fur et à mesure qu’il marchait, le beau blond était obligé de refermer sa veste fine autour de lui. Cette dernière était trempée. Tout comme le reste de son corps et ses vêtements. Voulant fouiller dans sa poche, il se surprit lui-même à trembler. Ses mains n’obéissaient presque plus, tellement elle était gelée. Samuel ne se rappelait pas avoir entendu à la météo que les nuits étaient si fraîches en ce moment. Ou du moins, il ne semblait pas se le rappeler … Mais qu’importe maintenant, revenir en arrière ne servirait à rien.

Le futur PDG ne s’arrêta qu’une bonne demi heure plus tard. Lorsqu’il remarqua que la pluie venait de cesser. Ce n’était qu’en rentrant dans le parc, qu’il s’en était rendu compte. Comme si mettre un pied à l’intérieur avait fait cessé la pluie de s’acharner sur lui. Comme si quelque chose en lui s’était rompu. Plus lentement, Samuel se dirigea au centre du parc. Il ne connaissait par cœur. Depuis sa plus tendre enfance, il y venait fréquemment. Il y avait fait les quatre cent coups avec ses copains. C’était là qu’il avait embrassé une fille pour la première fois. C’était là où il s’était battu pour la toute première fois de sa vie. C’était dans cet endroit qu’il avait serré sa fiche dans ses bras lorsqu’elle était née. Et c’était également là, qu’il l’avait rencontré. Il n’avait pas pensé à elle depuis tout à l’heure. Comme si la pluie l’avait empêché de repenser à elle. Mais maintenant que l’averse s’était calmée, son cerveau et ses pensées s’étaient remis à fonctionner normalement. Madyson. Elle. Sa fiancée. Cette fille. Cette amour … Mady’. Pourquoi ses pensées avaient-elles été bloquées, tout à coup ? Pourquoi ne plus se souvenir d’elle ? Pourquoi tant de souffrance était remontée d’un seul coup à la surface. Pourquoi, pourquoi … Beaucoup de questions, et personne n’a jamais de réponses. Anéanti, souffrant, Samuel tomba à genoux au sol. Il avait oublié que son survêtement qu’il avait mis à la va vite était troué au niveau du genoux. Contre du bêton, ça fait toujours un peu mal … Il avait envie d’hurler. Il avait envie de pleurer. Il avait envie de partir. Mais aucun son ne sorti de sa bouche. Aucun geste n’émana de ses membres … Il était seul, à trois heures et demi du matin. Il était trempé. Mais il était surtout un homme brisé.