Des étoiles filantes. Qui donc croyait encore à ses stupides histoires ? Elles n’étaient là que pour attirer des superstitieux. Ces gens-là faisaient un vœu et pendant l’espace d’un instant, ils avaient la sensation de pouvoir contrôler leur avenir. Mais l’avenir ne se contrôle. Ca n’existe pas. Pas plus que les vœux qui se réalisent, et tout le tralala. Samuel était vraiment épuisé en rentrant chez lui, ce soir-là. Pour une fois qu’il voulait rentrer en bus, il avait été bien servi. Tout autour de lui, il n’entendait parler que de cette fameuse nuit d’étoiles filantes. Même des enfants avaient hâte de voir ça. OK, ça serait peut-être un beau spectacle. Mais non, ça n’était pas la peine dans faire tout un fromage ! Les parents allaient jusqu’à bourrer le crane à leurs enfants, juste pour pouvoir attirer leur attention quelques minutes de plus. Tout ce cirque scandalisait le jeune homme. Il ne manquait plus qu’une fanfare parcourant les rues de New York en annonçant le super événement, et ça serait la cerise sur le gâteau. En descendant du grand bus rouge, il faillit même rentrer dans un homme, tellement il ne regardait pas où il mettait ses pieds. Mais tellement énervé et choqué, il ne prit même pas la peine de se retourner pour s’excuser. Tout ce comportement ne ressemblait pas au jeune Hole. Toujours très poli, il s’excusait toujours lorsqu’il était en tord. Mais aujourd’hui, il n’était pas vraiment d’humeur. Sam’ avait été harcelé de coup de téléphones. Tous provenait de son père qui l’attendait impatiemment à son bureau. Il avait sans doute oublié que cette semaine, il était un professeur de sport, et non un futur PDG d’une foutue boîte qu’il ne voulait pas. Mais en plus de tout ça, les jeunes lycéens lui en avaient fait voir de toutes les couleurs. Fichue journée. Fichue élève. Fichue père. Fichue pluie d’étoiles filantes !

A peine avait-il mis un pied dans son appartement, qu’une odeur de brûlée lui envahi les narines. Le micro-ondes ! Il était parti ce midi sans même prendre le temps de manger ce qu’il avait mis à réchauffer. Il s’en était douté un peu plus tard dans l’après-midi, quand son estomac avait commencé à gargouiller dans tous les sens. Mais il n’avait pas du tout pensé au micro-onde ! Posant son sac par terre avec violence, il fila dans la cuisine. Une forte fumée s’en dégageait. Instinctivement, il alla éteindre l’appareil avant d’ouvrir la fenêtre en grand, pour respirer un bon coup. Super, ça allait sentir comme ça toute la soirée … Se prenant la tête entre les mains, il souffla bruyamment. Il en avait marre. Il voulait à tout prix que cette put*** de journée se termine enfin ! Donnant un coup de pied dans son sac de cours, il referma brutalement la porte d’entrée avant de ressortir. Il n’avait même pas envie de rester chez lui. D’ailleurs, il n’avait même plus l’attention d’être chez lui tout court. Samuel ne savait pas comment occuper sa soirée. Et puis, son ventre gargouillait toujours. C’est vrai qu’il avait faim. Les mains dans les poches, il marcha jusqu’à l’épicerie la plus proche. Achetant un sandwich au poulet qu’il engouffra aussitôt, il continua à marcher dans la rue, sans but précis. Tous les traits de son visage étaient ternes. Il faisait presque peur, comme ça. Un regard noir le suivait tout au long de sa promenade. Mais il n’arrivait pas à l’hotter de son visage. S’asseyant enfin sur un banc pour se calmer un peu, Samuel ferma ses lourdes paupières. Il était fatigué, tellement fatigué … Et la fatigue eu raison de lui. Soudainement, le noir apparu devant ses yeux. Plus rien n’existait. Plus rien n’avait de sens autour de lui. Plus de peur. Plus de stress. Plus de pluie d’étoiles filantes …

Ce fut un pétard qui le sortit de sa rêverie, le faisant sursauter par la même occasion. Un peu de bave avait coulé le long de sa bouche. Dormir la bouche ouverte, c’était son petit truc à lui. Depuis toujours. Charmant ? Oui, très … D’un revers de la main, il se frotta les yeux, tel un nouveau né. Il fallut un peu de temps à Samuel pour se situer. Un coup d’œil à sa montre lui indiqua qu’il se trouvait en plein milieu d’une rue. Une rue déserte. Pourtant, il croyait avoir vu cette bande de gamin juste en se réveillant. Ou alors, il l’avait peut-être imaginé, qui sais … Quoi qu’il en soit, il s’étira un bon moment. Ses membres étaient tout engourdis. Autant que ses pensées et son cerveau. Il lui fallait toujours un petit temps pour se remettre en mode ON. Mais une fois que cela était fait, ça allait beaucoup mieux. Mais pas là. Il avait mal à la tête. Comme si on lui avait donné une massue, et qu’il s’était frappé lui-même … Dingue. La nuit était tombée depuis un bon bout de temps, apparemment. Sam’ n’arrivait même pas à apercevoir le bout de la rue, tellement il faisait nuit noire là dehors. Trouvant enfin le courage de se lever, les poches de son jean engouffrèrent les mains froides du jeune homme, alors qu’il commençait tout juste à marcher. La rue était déserte. Anormalement déserte. Si lui n’avait pas oublié cette pluie, les autres londoniens l’avaient-ils fait, eux ?!

_ Ah non mais je rêve … Et moi qui me disait que ma journée avait eu sa dose de malheur … Et ben non, il a fallut que je tombe sur toi !