Je n'ose croire à ce que je vois Et pourtant c'est bien toi Un véritable miracle

Je m’adossais à la fenêtre, balayant l’appartement du regard, observant ce qui avait été mien il y a dix ans…enfin tout était différent, puis qu’il y a dix ans était en fait l’époque que j’étais en train de vivre. J’avais encore du mal à me faire à cette idée quand je me plongeais dans cette réalité. Mais les questions s’avéreraient inutiles surtout que ce retour en arrière était un véritable miracle. Me retournant pour faire face à la fenêtre, je regardais le paysage, cherchant à savoir ce que j’avais fait il y a dix ans, à cette date précise et à cette heure précise. J’aurais sûrement été sur ce tournage que je venais de refuser, le seul film qui avait eu un flop dans ma carrière, une erreur que je n’avais pas commise cette fois. Ainsi, les souvenirs me reviennent et actuellement j’aurais dû être en Irlande donc assez loin d’ici.

Et le temps changeait déjà son cours car je n’étais pas sortit de chez moi et que je ne prenais aucun appel. Je ne tenais plus tellement à ma carrière de toute façon, vu le futur que l’on m’avait réservé. Me décollant de la fenêtre, je pris ma veste que j’enfilais avant de poser une paire de lunettes sur mon nez. J’étais moins connu désormais et donc légèrement plus tranquille, mais ce n’était pas pour autant que les paparazzi ne me suivaient pas à la trace. Quand à Kate, je ne savais absolument pas ce qu’elle pouvait faire actuellement… Mais rien que de savoir qu’elle respirait et était sans doute en train de rire me mettait du baume au cœur comme une seconde vie insufflée dans mon être. Fermant les yeux, je me rendis pourtant compte que l’imaginer m’était trop douloureux car évidemment, je n’avais que sa mort en tête, et je serrais les dents violemment.

Ouvrant la porte à la volée, je pris le chemin de l’ascenseur avant d’y monter et de croiser les regards de jeunes filles qui auparavant m’aurait intéressé. Je les aurais charmé sur un sourire, ce que j’aurais d’ailleurs probablement fait normalement à cet âge. Mais aujourd’hui,tout ça ne comptait plus. Elles descendirent en gloussant, alors que je restais dans la cabine, perdu dans des pensées que j’aurais préféré fuir. Enfin les portes s’ouvrirent sur le rez de chaussée et j’en sortis sans penser à rien, mettant le pied dans la rue pour ensuite suivre le trottoir après avoir rabattu ma capuche sur ma tête. Je ne regardais rien ni personne, je tenais tout simplement à réfléchir non pas à elle mais à l’endroit où elle pouvait être. Et j’étais certain que je la retrouverais mais la question était de savoir comment. Attendre qu’elle soit connue serait plus simple mais nous serait fatale.

Avisant un café de l’autre côté de la rue, je le rejoignis, ayant besoin d’un capuccino pour me remettre d’aplomb car je n’avais encore pas dormit de la nuit. L’angoisse et l’inquiétude me dévorait depuis sa perte, si bien que des souvenirs ne revenaient que par fragment, des souvenirs qui semblaient me filer entre les doigts. Et la peur me vrillait l’estomac car …si je ne l’avais pas sauvée la première fois pourquoi y arriverais je maintenant?

Je poussais la porte du café, m’avançant vers le bar pour ensuite m’y asseoir et par là même commandé ce café bien mérité. Je ne sus combien de temps fut nécessaire pour que je fusse servit mais je finit par tenir la tasse blanche entre mes mains, avant de sentir le parfum du liquide bouillant qui coula bientôt dans ma gorge. Reposant la tasse, je pris ma tête entre mes mains, sentant le chagrin m’envahir en même temps que le liquide brûlant. Puis relevant les yeux, j’eus soudain une illusion. Elle était un peu plus loin, assise à une table, ses cheveux bruns dénoués sur ses épaules.

-Kate?

Ma voix n’avait été qu’un murmure, image de mon état émotionnel alors que je la dévisageais n’osant croire ce que j’avais sous les yeux. Mes yeux s’embuèrent alors que je sentais ma gorge se serré. Je tombais si bas que maintenant je la voyais presque réellement sous mes yeux? Je mis quelques secondes à me lever, pour ensuite aller vers elle. Je fermais les yeux, serrant les paupières mais elle était toujours là. Sans un mot, je me dirigeais vers elle avant de la voir sourire comme autrefois avant sa mot. Je m’immobilisais, bloqué, figé dans l’incrédulité. Mais finalement mes jambes s’actionnèrent et je finis par être à quelques mètres d’elle, puis une distance si réduite que je pouvais sentir l’odeur de son parfum. Le parfum naturelle de sa peau que je sentais toujours sur ma langue tant j’avais pris possession de son épiderme si souvent.

Je soufflais à nouveau, peinant à croire ce que je pouvais voir sous mes yeux tandis qu’elle ne m’avait toujours pas vu.

-Kate?

Ce n’était qu’une hallucination… Je ne voyais pas d’autres explications possibles. Je ne pouvais que rêver.

Je n'ose croire à ce que je vois Et pourtant c'est bien toi Un véritable miracle

Ma paume épousa le bois vernis de la porte d’entrée alors que je sentais peser dans ma poche la décision prise pour notre avenir commun. J’avais remarqué depuis plusieurs jours les cernes qui s’étendaient sous ses yeux et surtout le masque de tristesse qui avait marqué ses traits. J’arrivais à la faire sourire mais si difficilement que mon cœur se serrait devant mon incapacité à la rendre heureuse. Si bien que je savais qu’il était le moment d’officialiser notre couple pour de bon. Poussant le battant, je rentrais dans l’appartement, la cherchant du regard, prêt à la prendre dans mes bras, à envahir son visage de baisers tant elle m’avait manqué. Mais l’appartement sombre semblait sans vie et je ne pus que murmurer son nom dans la pénombre.

-Kate?

Le son se répercuta sur les murs, une funeste prédiction qui résonna comme le glas d’une mort dont j’avais pris conscience avant même de la voir. Mais fuir la vérité était tellement plus facile… Mes sacs tombèrent au sol, inutile alors que je courrais faire toutes les pièces de la maison. Finalement, je poussais la porte de la salle de bain. Sur le sol s’étendait son corps allongé de côté, ses mains finies que j’aimais à presser contre la bouche à moitié repliée, comme en position de fœtus. Ses jambes étaient légèrement pliés, et son visage si beau était d’une pâleur effrayante.

-Bon sang, Kate!

Je tombais à genoux, près d’elle, ma main cherchant son pouls fébrilement mais sans succès. Sa peau était déjà plus froide que la neige qui tombait à l’extérieur, messager de la mort de la femme que j’aimais le plus au monde. Accablé par un chagrin intolérable, je la saisis par les épaules, sa tête tombant en arrière, sa chevelure brune suivant le mouvement tandis que je la serrais contre mon corps, les yeux débordant des larmes de la souffrance. Mon cœur atrophié hurlait de désespoir alors que sur le sol roulait la bouteille de comprimés qu’elle venait d’avaler. Elle s’était suicidé………….

Je n’arrivais plus à dire un son, ma gorge si serrée que je peinais à respirais. Mon visage enfouit dans ses cheveux, je respirais profondément cette odeur que je ne sentirais plus jamais après cette nuit, j’entendais presque son cri alors qu’elle m’accusait de la serrer trop fort,comme ces soirs de boulot où je ne pouvais m’en empêcher tant je n’avais pensé qu’à elle toute la journée. Saisissant sa main gelée, je la pressais sur mon torse, m’attendant presque à une réaction alors que les larmes roulaient sur mes joues sans que je ne les sente, s’écrasant sur ses joues à elle, comme si elle pleurait pour moi. Pressant son corps froid et mord, j’envahissais son visage de baisers qu’elle ne sentirait jamais sans la quitter une seule seconde, n’entendant que mes propres gémissements de douleur. Jusqu’à ce que les secours arrivent, jusqu’à ce qu’on me força à la lâcher.

Un homme ayant perdu son âme.

Quelques jours plus tard

La tombe descendait dans le gouffre, alors que je regardais la terre envahir le cercueil, indifférent aux gens qui venait me faire part de leurs condoléances. Je ne fixais que l’endroit où elle reposait sans moi, n’ayant qu’une seule hâte, à savoir la rejoindre. La séparation était une douleur trop insupportable pour être vécue trop longtemps. La pluie tombait, la nuit voila le ciel sans que je ne bouge alors qu’à présent une pierre se dressait avec son prénom et son nom qui n’avait pas eu le temps de devenir le mien. Kate Viners… Des lettres que je ne quittais pas des yeux, alors que je finis par tomber à genoux sur la pierre, collant mon front à ton prénom. Kate pourquoi ? Pourquoi es tu partie? Ma bouche s’ouvrit alors que je hurlais en silence ce qui te caractérisait, ce que je ne pourrais plus jamais te dire en face. Les gouttes de pluies roulaient sur mes joues, larmes que je ne pouvais plus versées alors que je fermais les yeux contre ta pierre tombale… Je ne te quitterais pas.

Je ne suis plus rien sans toi….

Dix ans plus tôt…quelques semaines plus tard.

Je prononçais son prénom perdu de la voir, sentant cette odeur que je n’avais plus sentit depuis sa mort…sinon sur ses vêtements éparses dont je n’avais pu me séparer, comme si elle allait passer d’une seconde à l’autre cette porte qu’elle avait si souvent claquée. Cette odeur qui à présent m’imprégnait comme si elle ne m’avait jamais quittée. Je la dévorais des yeux, n’osant croire à ce que je voyais, persuadé que tout ceci n’était qu’une hallucination. Non…elle ne pouvait être là, vivante alors qu’il y a seulement quelques semaines, je serrais dans mes bras son corps inanimés. Ce n’était pas possible, impensable, qui avait droit à une pareille chance?

Elle leva la tête et je sentis mon cœur cesser de battre. Les secondes s’écoulèrent éternelles alors que je rencontrais son regard, ne respirant plus,m’attendant à ce qu’elle s’évanouisse dans un nuage de fumée…comme cela m’était si souvent arrivé depuis sa mort. Combien de fois lavais-je vu dans la chambre, allant jusqu’à parler à cette illusion pour m’empêcher de me suicider, me risquant à vire un peu plus longtemps, un peu plus de secondes pour pouvoir voir un miracle. Des larmes roulèrent sur ses joues, si semblables à ce celles que j’avais versées si souvent.

Puis ce fut mon prénom qu’elle murmurait avant de se précipiter dans mes bras. Le poids de son corps me surpris tant je ne m’y attendais pas et surtout je mis un moment avant de comprendre qu’elle était bien là. Mes bras se refermèrent sur son dos, alors que je plongeais le visage dans son cou, les larmes bloquées depuis tant de jours finissant par sortir roulant sur son épaule tandis que je collais ma joue à sa gorge chaude. Je sentais battre son cœur comme une promesse éternelle, l’exacte opposé que ce prénom lancé comme un présage de mort lors de mon entrée dans l’appartement. Je sentais sa peau chaude, son sang qui fusait dans ses veines.

Me redressant sans faire attention au reste des personnes qui nous entouraient, je pris son visage dans mes mains, m’immergeant dans ses prunelles, laissant mes doigts parcourir sa peau. Chaude, elle était chaude. Plongeant la tête, je collais mon nez à sa joue, respirant son odeur, avant d’envahir son visage de baisers, pressant mes lèvres contre son épiderme tiède, annihilant dans mon esprit le souvenir de sa peau marbrée et morte.

-Tu es là…

Je ne rêvais pas. Nos larmes se mêlaient sur ses joues alors que je plaquais ma bouche à la sienne, avides de la sentir contre moi, avides de retrouver sa bouche,tout d’elle. La serrant avec force, je l’embrassais de manière désespérée, perdue, alors que je me pressais contre son corps.

-Tu es vraiment là..

Je n’osais toujours pas y croire et surtout je n’osais plus la lâcher, de peur qu’elle disparaisse à nouveau. Cette peur qui ne me quittait plus depuis que je l’avais perdu. Entremêlant mes doigts à ses mèches, je reculais, sans lâcher sa tête plongeant dans son regard, le mien torturé, fou amoureux, terrifié à l’idée qu’elle s’évanouisse dans les airs.

Kate S. Viners & Aeron G. Porter <3

Je n'avais jamais été une fille de soirée. J'adorais passer la nuit à regarder la télé ou à jouer aux jeux de sociétés. J'aurais été parfaite dans le rôle de la personne normal, sans paparazzis pour me gâcher la vie, gagnant modestement ma vie. Mais non, il avait fallut que je naisse dans le monde du show-biz. Sans le savoir, mes parents avaient précipité ma mort...


J'entendais encore les pas résonnants dans l'appartement. Mon portable posé sur le rebord du lavabo, vibrait avant de tomber à mes côtés. Sa voix hurla mon nom et c'est alors que je lâchais prise. Je me souviens avoir pu le regarder me prendre dans ses bras, vérifier mon pouls, m'embrasser, je voyais encore ma tête de morte tomber en arrière, suivi de mes longs cheveux bruns en cascade... Je ne supportais pas cette image qui me rendais encore plus coupable de mon acte. Je l'aimais, c'était certain. Même un peu trop. Ensemble, on débordait de passion. C'était mon véritable amour, ma propre vie, ce qui m'aidait à tenir debout... Cela portait 5 lettres: AERON.


Alors pourquoi le laisser ? Pourquoi l'abandonner ?
La vie était trop dure. Je n'avais pas les nerfs solides, j'étais fragile et je n'en étais pas a ma première tentative. Je pense que la première fut lors de mes 14 ans. Où, fébrilement, j'ai tenté de trancher mes veines à l'aide de bout de verre. Aucuns résultats si ce n'était de modestes traits de sang. Rien de bien méchant. Je n'étais pas assez désespérée pour m'ôter la vie. Ni assez courageuse, si on peut appeler cela comme ça. Pour certains, une tentative de suicide est une preuve de faiblesse. Pour qu'autre, c'est un S.O.S. Pour moi, c'était un mélange des deux. La vie ne rimait à rien pour moi. Si ce n'était qu'a un fil qu'était Aeron. Que j'avais trop souvent négligé. Désormais, je voulais rester avec lui, pour la vie. Ma nouvelle vie.


Je pensais à arrêter totalement ma carrière, ce qui nous avait séparé, entre autres.
J'avais déjà vider le paquet de médicaments qui m'avaient tuée dans la cuvette des toilettes. J'étais belle, souriante, agréable... En apparence. J'avais un véritable caractère de commandante. Quand je voulais que quelque chose soit fait, c'était fait. Aujourd'hui, je me demande encore comment j'avais pu plaire à Aeron. Pour moi, j'étais impossible à vivre. Contrairement à lui. Il avait toujours envers moi de petites intentions comme une boîte de chocolats, des fleurs, ou même un baiser, aussi simple cela était, ça me remontait le moral. Et, il avait un charme fou. Une beauté sans pareille... Une gentillesse à tout épreuve...


Il me serra contre lui et je continuai à pleurer, honteuse de ce que je lui avait fait subir. Je savais, j'avais vu, qu'il était parti à la dérive, devenant alcoolique, lui qui méritait tellement mieux. Lui qui était prédit à une magnifique carrière... J'avais tout gâcher, comme l'égoïste que j'étais. Je l'aimais, mais à la réflexion, le méritais-je ? Lui qui m'aimait comme un fou, éperdument...
Je ne le savais... Mais je ne pensais pas.


Il me regarda et je vis qu'il n'y croyait pas. Moi vivante, il ne pouvait y croire. Sauf que… Sauf qu’il y a eu un retour en arrière. Serait-ce une seconde chance ? Cela m’en avait tout l’air. Et je m’étais promis une chose: Celle-là, je ne la raterais pas. Nouvelle vie, nouvelle chance… Tout cela n’est-ce pas trop pour une égoïste telle que moi ?! A priori non… A moins que le destin me propose une alternative à mon égoïsme… C’était la seule probabilité. Il s’empara de mon visage, prunelles colées hypnotisées aux miennes, il réussit à poser son visage contre le mien, inhalant mon odeur à plein nez… Puis déposant de légers baisers sur ma peau de neige…


« -Tu es là… »


Il réalisait lentement notre chance, tout comme moi… J’avais presque peur que la vie se joue de moi et m’emporte une seconde fois, définitivement, rien que pour me faire un peu plus de mal que j’en avais… Tout deux pleurions, larmes entremêlés tandis qu’il m’embrassait désespérément, cherchant un moyen pour être bien sur que je ne disparaîtrais pas. Mais je ne pouvais même pas le rassurer, étant donné que je n’étais sur que j’étais bien là, moi aussi… Nos corps étaient collés, signe de nos retrouvailles, deux corps imbriqués l’un dans l’autre… L’amour qui se dégageait de nos gestes me rappelais tout nos bons moments…


« -Tu es vraiment là.. »


Je souriais à ses paroles, essayant de me persuader autant bien lui que moi, qu’en effet, j’étais réelle, en vie et que mon cœur battait à la chamade plus que jamais. C’était sûrement la sensation qui manquait le plus lorsqu’on mourrait. Ne plus sentir son cœur battre, même à battement espacés… Et quand, un matin, enfin, il y a quelques jours, j’ai pu ressentir ce bruit, je pus enfin sourire. Aeron passa ses doigts dans mes mèches brunes, reculant d’un pas, mais sans rompre le contact que sa main faisait entre moi et lui. Ses yeux restaient collés aux miens, et je m’emparais de sa main, l’ôtant de mes cheveux. J’avais besoin de la serrer, lui faire comprendre que, oui, à mon plus grand bonheur, j’étais là…

« -Je crois, oui… »

J’avais dis cela avec une voix tremblante… Pas tellement mon habitude. Je lâchai doucement sa main et à mon tour, posa ma main sur son visage. Il ferma les yeux et je passai mon doigt sur ses paupières et riai. Je Le touchais, j’étais bien vivante ! Je me jetais dans ses bras, acrochant mes bras à son cou et l’embrassa à pleine bouche, passant ma main dans ses cheveux…
C’était donc vrai.
J’étais réelle.
Décollant ma bouche de la sienne, j’ajoutais:

« -Je suis… »

Je l’embrassai à nouveau.

« -Tellement… »

Puis encore…

« -Désolée ! »

Et une dernière fois.
Les larmes redoublèrent alors que je posais ma tête sur son torse, écoutant battre son cœur, comme je l’avais fais souvent lorsqu’il s’endormait avant moi, et que j’étais positionnée sur lui, allongée de tout mon long après une séance DVD. Rien que pour être sur que, c’était bien lui, bien vivant, bien réel.

Je n'ose croire à ce que je vois Et pourtant c'est bien toi Un véritable miracle

Sa voix tremblait et moi, je ne parvenais qu’à la serrer dans mes bras. De façon à l’étouffer presque. Je ne pouvais plus la lâcher, elle m’avait…j’avais eu le cœur arraché lors de son départ et désormais je ne pouvais plus ouvrir les bras afin de la laisser partir. De peur qu’elle disparaisse. Vous savez quel cauchemar il était facile de faire dans une telle situation? Que le moment de pure émotion que vous êtes en train de vivre ne soit qu’irréel, qu’en réalité, un coup, un bruit, vous tirera d’un sommeil profond et qui au final, se révèle mieux que ce que vous pouvez vivre. J’avais peur, terriblement peur que tout ne soit qu’une chimère de mon esprit torturé par la douleur. Cette sensation me vrillait l’estomac, et j’aurais pu flancher sous cette quantité d’émotions qui me torturait. Mes yeux s’embuèrent et toutes traces de fierté machiste disparurent tandis que les larmes roulaient sur mes joues de plus belle,bien que j’avais essayé de les arrêter quand je les avais vu éclater sur sa peau. Respirant faiblement, je gardais mon visage dans le creux de son cou, respirant son odeur divine. Puis je levais la tête afin de presser ma bouche sur la sienne, savourant sa bouche, l’embrassant comme je ne l’avais jamais fait, comme si c’était la dernière fois que je pouvais l’embrasser avant de la perdre à nouveau. Je sentais les larmes salées qu’elle versait sur ma langue, tandis que je les buvais, savourant son goût, mes larmes redoublant. J’aurais été humilié si j’avais été dans une toute autre situation. Je ne cessais de répéter qu’elle était là, qu’elle était près de moi. Sa voix finit par retentir à nouveau, aussi claire que du cristal cette voix qui m’avait tant manqué, à moi cet homme brisé qu’elle avait laissé derrière elle. Elle posa alors sa main sur mon visage, tandis que je la regardais dans les yeux, ne croyant, n’arrivant pas à croire cette chance que j’avais de l’avoir, à nouveau dans mes bras, mes mains sur sa peau, les siennes sur mes joues. Je glissais ma main dans ses cheveux tout en reculant, et elle s’en saisit, tandis qu’elle me regardait, m’assurant qu’elle était là. Ses doigts frôlèrent mes paupières, et je fermais les yeux sous ce léger contact, souriant sous ce toucher qui me rendait fébrile, mes membres tremblant légèrement sous cette dose de bonheur inattendue. Elle se jeta alors dans mes bras, tandis que je la serrais à l’étouffer, m’embrassant à pleine bouche. J’étais à nouveau contre ses lèvres de soie qui m’avait rendu le plus heureux des hommes, à nouveau contre son corps frêle, sa poitrine qui caressait mon torse. Elle se décolla, avant de souffler des mots entrelacés de baisers, sa bouche rejoignant la mienne pour se décoller afin de s’excuser.

Elle se blottit ensuite dans mes bras, sa tête contre mon torse, tandis que je la pressais contre mon corps, enfouissant mon visage dans sa chevelure d’ébène. Je ne lui en voulais pas…ou plus maintenant qu’elle était devant moi. Je n’avais pas l’énergie de lui en tenir rancune après toute la souffrance accumulée depuis des mois. J’aurais pu lui en vouloir, de ne pas me laisser la possibilité de l’aider dans sa souffrance, ou ne m’aimant pas assez pour se battre. Je m’étais posé tellement de questions, comme ce fameux soir, il n’y a pas si longtemps. Quelques jours….semaines….mois….

Flash Back

Le verre dans la main, je posais mon bras sur mon genoux relevé tandis que la tête baissée, j’attendais que les secondes passent. Comme depuis des mois. Comme depuis des heures. La souffrance, malgré tout ce qu’on m’avait promis, ne disparaissait pas, s’intensifiant à chaque secondes écoulées. Je n’en pouvais plus. La lumière se fit soudain violente, tandis que je relevais la tête dépaysé, alors que je regardais ma meilleure amie, qui me fixais avec …tristesse? Qu’est-ce qu’elle foutait là si elle ne pouvait qu’être triste pour moi?

- Ae….

Je me fermais tandis que la mâchoire crispées, je l’observais. Ma tête me tournait, et j’étais à eux doigts de craquer. Me relevant en titubant légèrement sur mes jambes je serrais mon verre.

-Qu’est-ce que tu me veux?
-Aeron…elle est morte depuis quatre mois. Tu ne crois pas qu’il est temps de tourner la page?

Mes doigts se resserrèrent à nouveau sur mon verre tandis qu’il craquait tans mes phalanges étaient serrées. Le posant violemment sur la table, je la regardais davantage mauvais qu’autre chose.

-Tu es en train de me demander de l’oublier?

Elle recula, un éclair de frayeur dans ses prunelles ambrées avant qu’elle ne parle la voix plus tremblante.

-Non mais….

Elle se ressaisit avant de s’avancer vers moi et de planter son regard dans le mien. La peur laissait place à la colère tandis qu’elle m’arrachait le verre des mains.

-Tu ne peux pas continuer comme ça! Tu es enfermé, tu vis dans le noir en alignant les verres. Tu crois qu’elle serait contente de voir ça? Qu’elle serait fier devoir que l’homme qu’elle aimait n’est devenu qu’une loque et un pauvre type?! Dis moi!!! Tu crois qu’elle aimerait?

Je me figeais. Elle avait sans doute raison. Mais….

-Elle n’est plus là pour le voir. Maintenant dehors.

Elle recula de nouveau, blessé par mon ton, tandis que fracassant le verre sur le sol, elle sortit de la pièce. M’appuyant contre le mur, je me laissais glisser tout en regardant dans le vide. Elle n’était plus là pour le voir…. Elle ne pourrait jamais plus…et je ne pourrais jamais plus la voir. Manquant une respiration, je passais la soirée prostrée dans ce coin….et la plupart des jours à venir….

Fin Flash Back

J’avais tant souffert. Mais je n’arrivais pas à lui en tenir rigueur car je savais combien elle pouvait m’aimer. Notre couple avait toujours été passionnel, nous nous étions toujours préoccupés que de nous sans tenir compte de l’avis des autres, nous jetant dans les bras l’un de l’autre devant public, nous rendant des visites surprises sur nos plateaux respectifs. Elle avait dû souffrir à un point que je ne pouvais imaginer. Et maintenant et bien…c’est à moi que j’en voulais. De ne pas avoir su la protéger. Prenant son visage dans mes mains, je relevais son visage baigné par les larmes avant d’embrasser une à une chacune d’elle.

-Ne le sois pas Kate. Mais ne me quitte plus jamais…Reste avec moi.

Me noyant dans ses prunelles, j’enfonçais doucement mes doigts dans ses joues, avant de répéter la voix rauque.

-Ne m’abandonne plus.

Je restais un long moment sans bouger, avant de saisir sa main en douceur et de l’entraîner vers le fond de la salle, tenant à lui parler sans que tout le monde ne prenne part à notre discussion. M’asseyant à une table éloignée, je l’attirais contre moi, afin qu’elle s’assied sur mes genoux, incapable de l’avoir trop loin de moi pour le moment. Posant le front sur son épaule, je compris qu’avant de savourer pleinement ces retrouvailles, je devais lui poser la question. Savoir …. Pour la protéger.

-Pourquoi Kate…Pourquoi es tu partie?

Je relevais la tête. J’avais peur de la réponse. Je soufflais, presque inaudible.

-J’ai besoin de le savoir…pour te protéger …mieux qu’avant.