Café bien serré { Faith

Faith S. Jackson & Samuel C. Hole

Café bien serré

16h00. A force de regarder sa montre, Samuel avait l’impression que cette dernière avait cessé de fonctionner. Les minutes n’avançaient pas. Et je ne vous parle même pas des heures. Celles-ci semblaient plus interminables que jamais, à chaque fois que la journée se déroulait. Samuel n’aimait pas ses journées de repos. Pas de cours à donner. Pas de travail à faire pour l’entreprise de son père … Une vraie journée de repos, en somme. Cela n’arrivait pas souvent. Mais à chaque fois que cela arrivait, le jeune homme faisait tout pour s’occuper l’esprit et les mains. Histoire de faire quelque chose. Rester planté là à ne rien faire, ce n’était pas vraiment sa tasse de thé. Et pourtant, c’est-ce qu’il avait fait toute la journée. Le matin, il avait commencé par flâner un peu dans son appartement. Après avoir zappé une bonne cinquantaine de fois les chaines à la télévision, il se décida enfin à aller faire une petite sieste. A une heure de l’après midi ? Ben ouais, et pourquoi pas hein ! C’est de cette façon que Samuel s’endormit comme une masse. Pourtant, il n’avait pas l’impression d’être fatigué. Ce que son corps devait sans doute réfuter à tout bout de champs. Mais quand on est un professeur de sport qui passe ses journées à s’entraîner, on ne fait plus attention aux besoins du corps. Mais je ne suis pas là pour lui faire la morale. Mais plutôt pour le réveiller. Ben ouais, c’est quand même seize heures de l’après-midi, il serait peut-être temps que notre beau brun se réveille … Ce qui ne tarda pas à arriver. ( Je ne suis pas devin, rassurez-vous ! ). Après s’être doucement mis debout, il se dirigea directement dans la cuisine, afin de se préparer un café bien serré, son péché mignon. C’était sans oublié le passage d’une de ses amies, la matin même. Il était sensé s’être rendu au supermarché, pour racheter du café. Chose qu’il n’avait pas fait, puisqu’il s’était endormi comme un vrai petit bébé …

Dix minutes plus tard, Samuel était déjà parti. Il avait à peine eu le temps de se brosser les dents, de se coiffer un peu, de s’habiller, et il avait filé. Il n’avait sans doute pas fait attention à sa tenue vestimentaire : une veste en jean, un jean, des baskets, et une chemise. Waouh ! Le super mélange qui ne va pas du tout ensemble ! Mais cela, il s’en fichait. Il avait besoin de sa dause quotidienne de caféine. Certains hommes étaient accros au sexe. D’autres, c’était l’alcool. Alors que pour certains, c’était la drogue. Et bien lui, c’était le café ! Il lui arrivait de fumé une cigarette par-ci par-là, mais jamais à un point où il en abusait. Cela restait toujours dans le raisonnable. Et en général, c’était quand il se sentait dans un sal état. Facile à repérer de cette façon ! Mais revenons à nos moutons. Le jeune Hole avait eu envie de prendre a voiture, pour se rendre au café le plus proche. Mais comme je viens de le citer, le café était vraiment proche. A deux ou trois pâtés de maisons. Dix minutes de marche ne pourrait pas lui faire de mal … Dix minutes qui se transformèrent en une demi heure. Sam’ n’était pas du genre à traîner dans les rues de la ville. Pourtant, il avait un bon petit détour. Peut-être espérait-il que ses problèmes allaient s’envoler, juste parce qu’il marchait un peu plus … Mais non. Une fois arrivé devant le café où il voulait se rendre, ils étaient toujours là. A le hanter sans cesse. Il n’aimait pas bien ce café. A chaque fois, il croisait des personnes qu’il connaissait. Et à chaque fois, ces personnes le saoulait pendant toute leur petite pause détente. Et pourtant, il y retournait toujours. C’est donc avec une certaine appréhension, qu’elle entra dans le café et se dirigea directement vers le bar.

_ Un café bien serré s'il vous plaît.

_ Ouais Sam', comme d'habitude.
_ Oui, voilà ... Je vais m'assoir là bas, en attendant ...

La prochaine fois, il irait dans un autre café. Ou alors, il se lèverait plus tôt pour aller s’en acheter lui-même … S’installant à la table la plus éloignée de la porte, il enleva sa veste, avant de jouer un moment avec une paille qui était restée là. Elle pouvait appartenir à n’importe qui. Mais il s’en fichait. Il avait l’air complètement ailleurs, et surtout … déprimée. Alors qu’il continuait à jouer avec sa paille, il donna un coup de pied dans un truc assez mou. Curieux, il se baissa et ramassa la boule rose. Mais qui pouvait bien mettre un truc dans ce genre-là ! Barbie ?! Il s’agissait d’une écharpe, apparemment. Le posant sur la table, il s’en occuperait plus tard. Après avoir bu son café, il irait le donné aux serveuses, et puis voilà. Pas de quoi fouetter un chat ! Quelques secondes plus tard, on lui apportait son café. Mais ce n’était pas une serveuse qui l’avait en main. Et apparemment, le jeune homme avait quelque chose qui lui appartenait.

Encore un matin difficile pour Faith. D'abord elle ne s'était pas réveillée chez elle mais chez Greg, ce qui l'avait obligé à cavaler jusque chez elle afin de récupérer ses affaires de cours.
Elle avait finalement une bonne heure d'avance, elle en profita pour prendre sa douche rapidement.
Elle enfila une robe grise argentée avec un gilet violet.
Dix minutes plus tard, elle avait ses bottes noires et son manteau de la même couleur sur les épaules. son sac en main, elle attrapa une vieille écharpe rose qui appartenait à sa défunte meilleure amie. En la mettant elle sourit. Elle trouvait cette écharpe complètement affreuse mais Naomi lm'adorait...

Elle enchaîna sa journée avec es travaux pratiques : dessins de nature mortes, peintures et cours d'histoire de l'art.
La tête complètement dans ce qu'elle faisait, elle ne vit pas le temps passé.
15h00 sonna rapidement, elle sortit aussitôt de sa fac, les bras chargés de ces palettes de crayons, pinceaux et tubes de peintures ainsi que toutes ces feuilles.

Elle se dirigea vers son café habituel, près de chez elle, afin d'avaler un thé et leur fameux cookie. l'embryon qui grandissait dans son ventre était son excuse pour s'autoriser autant de cookies dans une journée.
Ce fichu bébé de quelques semaines, et elle n'en avait toujours pas parler au principal concerné et ne savait franchement pas ce qu'elle comptait faire.

Elle chassa ce problème de ses pensées, déposa son matériel sur un des fauteuils du café. Elle ôta son manteau et son écharpe et se dirigea vers le comptoir. Elle attendit quelques minutes et revint récupérer sa commande.
Elle aperçut alors Samuel, un de ses amis qui venait de s'installer à la table à coté de la sienne. Elle prit le café qu'il avait commandé, et sa propre commande et se dirigea vers sa table, il avait son écharpe posé à coté de lui, elle sourit.

Si les écharpes roses te plaisent tant que ca je pourrait t'en offrir une, en attendant on fait du troc? mon écharpe contre ton café? ca te semble correct?

elle lui sourit, de son magnifique sourire, ses grands yeux bleus pétillants.

Sur le coup, le jeune homme resta muet. Lui qui s’attendait à voir apparaître une serveuse, la jeune femme qui s’approchait lentement de lui n’avait rien de telle. Sans uniformes, déjà. Levant son regard, il aurait put mettre sa main à couper qu’il connaissait déjà la personne qui s’avançait près de lui. Et puis ce sourire, il ne pourrait jamais l’oublier. Il l’avait vu tant de fois, qu’il lui était plus que familier. Au départ, Samuel n’avait pas fait attention à ses mains. Il était plutôt content de voir la jeune femme ici. Au moins, elle pourrait peut-être lui remonter le moral … Ah moins que ça ne soit le contraire ? Quoi qu’il en soit, le jeune Hole se remua un peu sur sa chaise, avant de sourire à son tour. Il était plutôt satisfait de constater qu’elle n’avait pas perdu son sens de l’humour. Comme toujours. Faith était l’une des rares personnes à qui il disait tout. Vraiment tout. C’était aussi la seule personne qui connaissait l’existence de sa fille. Trop honteux ou gêné, il ne voulait pas que ses amis le sachent. Et surtout pas sa fiancée … Mais passons. Remarquant tout juste les deux tasses qu’elle avait dans les mains, il comprit mieux le sens de ses paroles.

_ Tu sais très bien que je ne peux pas vivre sans café. Alors donnes-moi vite ma tasse, pour que je puisse te rendre cette chose hideuse !

Le jeune homme n’était pas sensé savoir à qui l’écharpe appartenait vraiment. C’est pourquoi il s’était permis de rire un peu, au même rythme qu’elle. Et puis d’abord, c’est elle qui avait commencé ! Non mais … L’invitant à s’assoir en face de lui, il préférait largement boire avec elle que tout seul. Et puis, cela ferait un peu bête qu’ils mangent à deux tables différentes, alors qu’ils étaient de bons amis … Voire les meilleurs en faite ! Laissant tomber pour de bon sa paille, il la lança avec amusement dans les cheveux de la jeune brunette. Il adorait la taquiner. A chaque fois que Sam’ se trouvait en sa présence, il était comme un autre homme. Il pouvait être lui-même, se libérer, rire … Sans penser à rien. Ce n’était pas le cas au boulot de son père. Il devait sans cesse être sérieux, sourire que très rarement … Mais avec Miss Jackson il décompressait. C’était son petit moment à lui. Là où il se sentait bien. Apportant la tasse à ses lèvres, il faillit se brûler la langue, tellement le café était chaud ! Reposant la tasse presque immédiatement, il s’adressa à la jeune femme, d’un regard noir :

_ T’as voulu me tuer, avoues ! Il est bouillant ! Et ça ne m’étonnerait pas que tu avais l’attention de m’étrangler avec ton écharpe tiens !

Accuser sans preuve vous dîtes ? Hum, Samuel ne voit pas du tout de quoi vous voulez parler … Mais qu’est-ce qu’il avait mal à la lèvre ! La café était vraiment chaud. Plutôt dommage, il en aurait bien bu une gorgée … Depuis le temps ! L’accord number one du café essaya de garder son sérieux le plus longtemps possible. Chose facile pour lui. Mais cette fois-ci, il avait bien envie d’éclater de rire. C’était marrant de voir la tête de son amie. Il était persuadé que pendant l’espace d’un instant, elle l’avait cru ! Pourtant, elle devait bien se douter que depuis le temps, il ne faisait que plaisanter avec elle … En attendant, il lui tendit son écharpe rose hideuse, la déposant délicatement près de sa propre tasse. Il avait bien eu envie de lui lancer, juste pour la provoquer de nouveau, mais il n’avait pas vraiment envie de se faire remarquer une fois de plus. Les serveuses connaissaient bien les deux jeunes gens. C’étaient eux qui mettaient le plus l’ambiance, quand ils étaient là … Pour atténuer un peu l’atmosphère, il répliqua sur un ton un peu plus lent et plus doux. Mais juste pour lui laisser le temps de réagir. Après, le taureau repartira au galop !

_ Oh ça va, fais pas cette tête … Tu sais bien que je plaisante. Alors, pourquoi tu ne m’as pas répondu avant-hier ? J’avais envie de t’entendre.

La surprise du jeune homme fit sourire Silver. Elle adorait son sourire. Sam était probablement une des personnes qui comptaient le plus pour elle. Et elle adorait sa compagnie. Il avait son air pensif, celui qu'elle prenait toujours un malin plaisir à interrompre. Il réclama finalement son café en échange de « cette chose hideuse ».
Silver eut un bref regard de tristesse mais ne perdit pas son sourire pour autant, bien au contraire. Elle regarda l'écharpe et ne put que constater que ce qu'elle prenait pour quelque chose de « pas terrible » était en fait franchement moche.
Elle lui tendit le café, après hésitation, juste pour l'embeter, en grimaçant.

Tu devrai arrêter le café, ca put ses choses là!

Il l'invita à sa table, elle fit mine d'hésiter et sans rien dire partie chercher ses affaires qui étaient à la table de derrière. Elle revient s'installer, toujours silencieuse et souriante. Elle se prit finalement une paille dans les cheveux.

Elle fit mine d'être choquée et vexée, lui donnant un léger coup de pied sous la table.
Elle se sentait bien avec lui. Elle n'était pas du genre à changer de personnalité en fonction des gens, mais avec lui, c'était différent. Même elle ne se reconnaissait pas quand ils étaient ensemble, elle était complètement libre.
Elle le vit se brûler la lèvre avec son café et l'entendit l'accuser de préméditation de meurtre, elle haussa un sourcil et prit un air détaché!

Je sais que tu plaisantes, mais tu ne devrai pas, on ne plaisante pas avec un assassin en herbe mister. Tu me lances la première paille... te brûler n'est que la monnaie de ta pièce! imagine ce qui te serait arrivé si tu avais lancé cette écharpe comme tu le prévoyais.

Elle sourit d'avantage, ses grands yeux bleus pétillants.
Ils étaient très proches tous les deux, ils se disaient tout, sans avoir peur du regard de l'autre. Elle ne savait pas vraiment pourquoi lui, tout ce dont elle était sure, c'est qu'elle accordait rarement sa confiance, alors qu'avec lui, c'était quasiment à la première seconde ou il s'était rencontrer qu'elle avait su qu'il en était digne.
Il savait pour son alcoolisme, il savait pour l'accident de voiture qui avait tué ses deux amis, il connaissait ses craintes... Elle lui avait même raconté certains des moments les plus embarrassants de sa vie.
Et puis, elle était au courant de l'existence de son enfant, et elle savait qu'elle était la seule. Et tant qu'il n'en parlerait à personne, elle resterait la seule.
En revanche, à cette époque de 2010, il ne savait pas encore qu'elle était enceinte, et elle ne savait pas si comme elle, il avait conscience du retour en arrière ou pas.

J'avais pas envie de te parler, alors j'ai pas répondu.

Elle tente de garder son sérieux au maximum, mais voyant le sourire de Sam fané, elle éclata de rire.

J'avais oublié mon portable et je suis rentrée tard, j'ai pas eu le temps de te rappeler.
Tu m'en veux? dis Sammy? tu m'en veux?

Elle sourit, avec une petite grimace de gamine qui tenterait de se faire pardonner.

Samuel était en manque. En manque cruel de caféine. Il avait besoin de sa dose quotidienne de café. Mais là, la jeune femme prenait un malin plaisir à le rendre chèvre. Pourtant, elle connaissait plus que bien la grande addiction du jeune homme. Elle savait très bien que quoi qu’il se passe, il finirait par avoir sa tasse. Et quitte à se jeter sur elle pour l’avoir, il l’aurait !! Bon d’accord, le jeune Hole n’était pas prêt à tuer pour ça. Mais il pouvait se montrer très désagréable. Comme un vrai drogué n’ayant pas pris sa dose illicite depuis quinze jours. Si Sam’ avait besoin de son café, c’était pour décompresser un peu. Et il fallait dire, qu’il en avait plus que besoin. Il n’avait pas fait attention à l’attention que Faith portait à l’égard de son écharpe rose hideuse. Comment aurait-il put le savoir, de toute façon ?! Après avoir entre-aperçu la grimace de la jeune femme, il l’invita à s’assoir. En faite, il espérait surtout qu’après ça, il pourrait récupérer sa tasse. Parce que sinon, il allait devoir se lever et allé en commander un autre. Et franchement, il avait vraiment la flemme-attitude pour cela !

_ Moi ? Arrêter le café ? Mais t’es pas folle non.

Faisant mine d’être sincèrement véxé, il referma son visage. Enfin, façon de parler bien sur ! A peine Samuel avait-il vu débarquer la jeune femme vers lui, qu’il était déjà soulagé. Et sans boire son café en plus ! A chaque fois qu’elle se trouvait dans les parages, la situation dérapait toujours un petit peu entre eux. Pas de dérapages ambigües, rassurez-vous. Lorsqu’elle revint à sa table, Faith était toute mignonne. Souriante à souhait, elle était gracieuse en plus de cela. A croire qu’elle n’avait jamais eu de problèmes. Que tout allait pour le mieux pour elle. Elle ne devait pas être au courant de ce qui venait de se passer à Londres. C’était obligatoire. Mais quelque chose le sortit aussitôt de sa rêverie. Ou plutôt quelqu’un d’autre. Alors qu’il venait tout juste de lui lancer une paille dans les cheveux, la jeune brunette avait répliqué en lui donnant un coup de pied sous la table. Il n’avait rien vu venir. Forcement, puisqu’il y avait une table qui le séparait d’elle ! A chaque fois qu’il lui lançait une pique en pleine figure, Faith trouvait toujours le moyen de lui répondre. Des vrais gamins je vous dis ! Il l’écouta d’un air totalement détaché, avant de lui répondre sur le même ton. Essaya, bien sur.

_ Si toi tu es un assassin, alors commences à creuser ma tombe. Je ne sais pas pourquoi, mais je sens qu’avant la fin de cette discussion, tu auras une envie soudaine de me tuer !

C’était toujours comme ça. Samuel faisait tout pour la pousser à bout. Pour la confronter à sa connerie mondiale. Mais à chaque fois, cela marchait. Comme si à chaque rencontre, il essayait de battre son propre record. Mais pour une fois, il savait qu’il allait battre le record du monde. Miss Jackson semblait avoir un problème. Ou du moins, il avait comme l’impression que quelque chose n’allait pas chez elle. Pourquoi ne pas lui en parler dans ce cas ? Il pensait être suffisamment proche d’elle, pour qu’elle puisse se confier. Comme ils le faisaient tout le temps. Mais pas cette fois-ci. Quelques choses semblaient les retenir tout les deux. Oh allez, un bon café, et tout irait mieux … Enfin, presque. Ce grand sourire le mettait toujours un peu mal à l’aise. Faith était débordante de vie. Comme d’habitude. Elle semblait toujours aller pour le mieux, toujours. Mais ce n’était pas toujours le cas. Il le savait pourtant. Connaissant ses problèmes, il l’a comprenait très bien. Faisant tournoyer sa cuillère dans son café, il essaya une nouvelle fois de le porter à ses lèvres. Mouais, c’était acceptable cette fois-ci. Mis à part bien sur, qu’il lui manquait ses deux petits sucres. Cherchant alors du regard une table où il pourrait se servir à son aise, il se leva et arpenta la salle, afin de ramener le sucrier devant Faith. Il n’était pas certain qu’elle ai prit un café, mais courtois et galant, il lui proposa de se servir en première. Ce gentleman !

_ Non je ne t’en veux pas. Mais c’est vrai que j’étais déçu. J’aurais bien aimé te parler. Mais bon tant pis, c’est quand même mieux de t’avoir en face, beauté !

Je souris à sa remarque. Je sais pertinemment qu’un Sam sans café, n’est plus un Sam, en tout cas pas un Sam fonctionnel.
Je l’avais déjà vu sans sa dose, et c’était franchement pas beau, valait mieux pas être dans les parages.
Moi bien entendue, ca m’avait fait mourir de rire, mais lui beaucoup moins.
Ca m’empêcherait pas de continuer à l’embêter de toute façon, bien au contraire.

Enfin assise face à mon Sammy, interceptant ses piques avec joie, je commença à boire mon thé.

Il me fit remarquer que si MOI j’étais un assassin, je devrai commencer à creuser SA tombe. Monsieur était décidemment en forme et venait d’ouvrir les hostilités !

Je le regarda, pris mon air de petite fille sage et adorable.

- Tu sais bien que sans toi, ma vie n’aurait plus de sens, tu seras donc ma dernière victime… je vais te torturer avant.

Je lui souris.
Ben oui, on est vraiment étrange tous les deux, mais du moment qu’on est bien comme on est, le reste importe peu.

Il se leva, à la recherche de je ne sais quoi.
Même si tout semblait parfaitement normal entre nous, quelque chose semblait nous retenir, comme une barrière qui nous empêchaient de parler de ce qu’il se passait vraiment.
Ce retour en arrière que j’avais plus ou moins apprécié, faisait partie des points que j’aurai aimé aborder avec lui. Seulement s’il ne faisait pas parti des gens qui avaient fait ce « voyage », il me prendrait pour une folle !
Et je ne veux pas qu’une gêne plus grande vienne nous perturber !

Il revint quelques secondes plus tard, munis d’un sucrier qu’il me tendit.
Toujours aussi gentleman !

- Non merci, je me sui déjà servie.

Je lui souris, l’observant faire. Deux sucres, comme à chaque fois.
Je ne sais vraiment pas comment il fait pour boire une mixture pareille. Beurk !

Je pris un air plus sérieux quand il me dit qu’il aurait aimé me parler, comme si quelque chose le tracassait !

- Quelque chose en particulier dont tu voulais parler ? Maintenant que je suis là, je suis toute ouïe, beau gosse !

Je le fixais toujours dans les yeux tout en buvant mon thé, attendant une réponse.

Tout en savourant son café, il lançait quelques regards à sa compagne de table. Elle semblait prendre un malin plaisir à boire sa tasse. D’après la quantité qu’elle ingurgitait, cela ne devait pas être du café. Faith en buvait de temps à autre, mais le jeune homme ne l’avait vu en descendre aussi vite. Il devait sans doute s’agir de thé, comme d’habitude. C’était parfaitement typique des anglais, ça ! Toujours à boire leur petites tasses de thé, à n’importe quelle heure du soir ou de la journée. Comme si c’était vital à leurs yeux … Hum mouais, comme Samuel avec son café, en claire. D’ailleurs, il eut un petit rictus, qu’il espérait que sa jeune amie ne remarquerait pas. Il ne se foutait pas clairement de sa figure, enfin … Presque. Continuant leur petite conversation silencieuse, il n’ajouta rien à sa précédente remarque. Avoir put imaginer une seule seconde que Miss Jackson était une meurtrière, le faisait bien rire ! Elle qui n’oserait même pas faire de mal à une mouche … Lorsqu’elle parla de torture, elle commença sérieusement à lui faire peur. Comment comptait-il le torturer ? La question échappa toute seule de sa bouche. Essayant de prendre une expression vraiment apeurée, histoire de jouer le jeu jusqu’au bout …

_ Me torturer ? Et comment comptes-tu t’y prendre Faith chérie ? En me forçant à boire cette chose monstrueuse que tu as dans ta tasse peut-être ?

Il adorait la provoquer, c’était un fait. Depuis qu’ils s’étaient connus au lycée, ça avait toujours été le cas. C’était Sam’ le plus âgé des deux. Mais surement pas le plus mature ! Lorsqu’il était avec la jeune femme, tout semblait ne plus avoir de sens. Comme s’il retombait en enfance. Mais on va peut-être s’arrêter là, pour les retour en arrière. Dix ans, ça suffit bien comme ça ! Sa tête d’enfant le fit sourire lui aussi. Ils n’avaient pas l’air débiles tout les deux, à sourire pour aucunes raisons apparentes … Faith était surement en train de rire de lui. Alors que de son côté, le jeune Hole devait surement en faire autant. Mais heureusement, c’était de la bonne moquerie. Pas une pour vraiment se montrer odieux. Quelque chose lui manquait, dans son café. C’est pourquoi il s’était levé sans prévenir, à la recherche d’un sucrier.

_ Toujours aussi raisonnable ma chère.

Lorsqu’il avait essayé de l’appeler, quelques jours plus tôt, la jeune femme ne lui avait pas décroché. Sur le coup, Samuel s’était vraiment senti roulé, c’était le cas de le dire. Mais maintenant qu’elle remettait tout ça sur le tapis, il ne savait plus de quoi il voulait lui parler. Surement des choses habituelles : Madyson, Bliss, Ella … Le train train quoi ! Mais maintenant qu’il était en face d’elle, toutes ces choses là ne semblaient pas aussi importantes. Enfin, pas aussi pressé d’en parler. La fixant quelques secondes, il remarqua qu’elle aussi, n’avait l’air dans son assiette. Un petit je ne sais quoi pouvait se lire très clairement sur son visage. Peut-être de la fatigue, ou quelque chose qui devait la contrarier. Ils n’avaient pas l’air bête, tout les deux. Un coup ils se taquinaient, l’autre fois ils se taisaient … De vrais enfants je vous dis ! Pourtant, c’était à Sam’ de dire quelque chose. De rompre ce silence pesant. Mais il ne savait pas quoi dire, malheureusement. Essayant de rester assez vague dans sa réponse, il espérait qu’au fond, elle voudrait changer de sujet :

_ Oh, rien de spécial tu sais. Les choses habituelles de la vie de Samuel Hole !

[elle est même pas anglaise en plus et toc lol]

Samuel demanda, prétendant être apeuré comment elle comptait s'y prendre pour le torturer. Ca la fit sourire légèrement! Elle s'accouda à la table, s'approchant un peu plus de lui afin de ne pas parler trop fort.

Si je te le dis, il n'y aura plus l' effet de surprise. Et ca perdrait tout son charme. Sammy chéri!

Elle lui sourit, se recalant dans le fond du siège, un sourire narquois et le regard taquin.
Elle attrapa le petit papier qui entourait les deux sucres que Sam venait de mettre dans son café et commença à jouer avec.

Et puis ma chose immonde est bien meilleure que ton café dégueu.

Toujours le sourire aux lèvres. Ffaith aimait taquiner Samuel. Dès le début ca avait été comme ca.
Silver n'était pas du genre à avoir la langue dans sa poche et aimait pousser les gens à bout. Sam avait été le premier à lui renvoyer l'ascenseur. Depuis, elle ne s'était pas arrêtée.

Un silence s'installa pendant quelques secondes avant que Sam ne reprenne la parole. Elle le fixait toujours. Elle en avait déstabilisé plus d'un comme ça, lui n'avait jamais flanché.

Il ne parla pas de ce qui se passait pourtant, il anoncat un banal « rien de spécial ».
Faith hésita et reprit, un air sérieux assez rare se dessinant sur son visage.

_ Samuel.

Elle fut surprise elle même par le ton qu'elle avait pris, et par le fait qu'elle venait d'utiliser le prénom complet de son compagnon de café.
Elle reprit cependant.

Il s'est passé un truc vraiment... étrange il y a quelques jours.

Elle le regardait et ne voulut pas continuer, elle espérait qu'il lui dise qu'il savait de quoi elle parlait.

[HJ : Eh ben tant pis, elle avait qu’à pas se bourrer de thé x’D ]

Plus d’effet de surprise. Ces quelques mots n’arrêtaient pas de résonner en lui, depuis que la jeune femme les avait prononcés. Il n’était même pas certain d’avoir compris ou écouter la fin de sa phrase. Lui, il en était resté à ces mots-ci. Samuel baissa la tête, sans même s’en rendre compte. Il n’entendait plus la voix de son amie près de lui. L’odeur du café lui était même invisible, à présent. Sa vue, son odorat et son ouïe semblait l’avoir quitté à tout jamais. Mais pas ses pensées, malheureusement. Le jeune PDG ne savait pas du tout pourquoi il était ainsi. Ce n’était que quelques mots insignifiants, après tout … Mais ils avaient tout de même leurs apparences pour lui. La preuve, il ne semblait même plus lui-même. Plus d’effet de surprise. Les surprises, Samuel avait eu sa dose. Et elles n’étaient pas toujours des plus agréables, bien au contraire. Depuis quelques temps, le jeune Hole avait eu trop de mauvaises surprises. Entre sa fiancée, sa fille, son ex petite amie, son père … Tout cela lui était tombé pratiquement à la même période. Pas facile d’y résister bien longtemps. Le jeune garçon rouvrit soudainement les yeux. Pendant quelques instants, sa vision resta troublée. Il voyait comme des petites étoiles dorées, tout autour de lui. Même la vision de son amie lui paraissait un peu floue. Il avait du loupé les trois quarts de ses paroles. Faith devait sans doute le prendre pour un taré. Quoi que, elle le pensait peut-être déjà auparavant. Lorsqu’il leva à nouveau la tête, l’odeur de son café, ainsi que le thé de son amie l’enivra. Mais pas dans le bon sens. Il avait la tête qui lui tournait. Et toutes ses odeurs lui devenaient vraiment insupportables. Il avait besoin d’air frais. Il avait besoin d’une cigarette.

_ Il faut que je sorte.

Le jeune homme n’attendit pas qu’elle lui répondre. Ou alors, elle l’avait peut-être déjà fait et il ne l’avait tout simplement pas entendu. Les serveuses le suivirent du regard, un air stupéfait sur le visage. Croyaient-elles qu’il allait s’enfuir sans payer son café ? C’était absurde, il venait là pratiquement un jour sur deux. Il les connaissait. Elle le connaissait. Bref, c’est d’un pas très pressé que le jeune homme parcourra le café avant de sortir avec hâte. Il huma un grand bol d’air frais, avant de sortir une cigarette de sa poche. Il essayait d’arrêter de fumer. Mais là, c’était pire qu’avec le café. Il en avait vraiment besoin. De plus, ses mains n’arrêtaient pas de trembler. Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine. Il ne sentait même pas la fraîcheur de l’extérieur. Rien. D’une mai fébrile, il alluma sa cigarette avant de tirer une bouffée. Il se doutait bien que Faith allait montrer le bout de son nez d’un moment à l’autre. Mais pour le moment, il essayait de se calmer un peu. Quatre petits mots. Voilà ce qui l’avait rendu dans cet état. Seulement quatre mots. Samuel essayait de se changer les idées, de penser à autre chose. A Madyson, à Ella sa fille … Mais rien de tout cela n’arrivait à lui faire oublier. Il vivait dans un monde de timbré. Il en était lui-même un, de timbré. Lorsque Faith apparu, elle semblait inquiète. Il avait sans doute dut lui faire peur, même si ça n’avait du tout été son attention. Avant même qu’elle parle, il lui coupa la parole, bien conscient de ce qu’il était en train de faire. Mais sa voix n’était pas très forte, voire plutôt mal assurée. Mais qu’importe, il avait besoin de le dire à quelqu’un. Et si son amie devait le prendre pour un cinglé, tant pis.

_ Ecoutes Faith, il y a un truc qui bizarre qui est en train de se passer … J’arrive pas à me réveiller de ce cauchemar. On est revenus … Dis moi en quelle année nous sommes.

Alors que Faith avait enfin pris son courage à deux mains pour aborder ce sujet assez particulier, elle releva le regard vers Sam.

Il n’avait franchement pas l’air bien, il faisait une tête bizarre et ne semblait même pas entendre ce qu’elle lui racontait.
Elle se demanda depuis combien de temps il était dans cet état, ce qu’il avait suivit de la conversation.
Le doute s’empara d’elle, il avait l’air absent depuis un moment, il n’avait probablement pas entendu ce qu’elle venait de lui dire.
Une boule à l’estomac se reforma, comme si elle avait fournit un effort magistral pour parler de ce retour en arrière, et que personne n’était là pour l’entendre.

IL se leva, sans un mot au début, l’air encore plus perdu, l’air d’étouffer, de suffoquer, de plus être à l’aise dans ce café qu’ils aimaient tant.
Un peu désarçonné, Faith resta assise, à le regarder, il prononça un « faut que je sorte » à peine audible.

Elle resta là un moment, ne sachant pas ce qu’il venait de se passer, elle ne dit rien, resta bouche bée avant de revenir sur terre et de rejoindre Sam.
Les serveuses les regardèrent bizarrement mais ne bougèrent pas lorsqu’elles se rendirent compte que Faith avait laissé toutes ses affaires.

Elle rejoignit Samuel, complètement paumée, elle le regarda et lorsqu’elle amorçât une phrase, il la coupa directement, lui disant qu’il se passait quelque chose de bizarre.

Le cœur de Faith se souleva, il n’avait donc rien entendu de ce qu’elle lui avait dit.
Elle sourit tristement et attrapa la main de Sam, pour le rassurer. Où peut être pour se rassurer elle-même en fait.

- On est en 2010, et il s’est effectivement passé quelque chose de très étrange.

Elle resserra sa main sur la sienne, comme si le fait de le dire à haute voix l’avait enfin fait réaliser.
Elle était de retour à cette époque ou tout allait de travers, elle ne verrait plus le sourire radieux de sa fille, ses grands yeux bleus, elle n’entendrait plus son rire, sa voix, ses histoires de cœur qu’elle lui racontait. Elle ne la verrait plus se glisser dans son lit le dimanche matin, juste avant le déjeuner. Elle ne s’endormirait plus avec elle devant la télé les rares jours de pluie, ses journées préférées. Elles n’iraient plus en famille à la plage.

Elle ne ferait plus tout ca, plus jamais si trop de choses changeaient et pas avant dix ans si tout finissait de la même manière.

Un haut le cœur la surpris, les larmes menaçaient de couler et lui brûlaient les yeux.
Elle était de retour à la case départ. Et ca la pétrifiât complètement.

- On est revenu dix ans en arrière Sam, je ne sais pas comment, je ne sais pas pourquoi, mais ca c’est passé !

Elle tenait toujours la main de Sam, ne se décidant pas à lâcher prise.